L’émigration des maçons
Jusqu’au début du XXe siècle, comme nos voisins creusois, beaucoup d’hommes de Saint-Priest-des-Champs partaient, dès la fin de l’hiver, les uns vers Lyon, principalement sur les grands chantiers du bâtiment, les autres dans les régions, sur les chantiers de travaux publics. La majorité des émigrants partaient comme maçon ou ouvrier-maçon.
Les registres de matricule peuvent nous donner quelques indications de leurs campagnes.
Prenons les indications fournies sur la fiche matricule de CHAFFRAIX Pierre de la classe 1887, natif de Jouhet :
Il habite Saint-Lager dans le Rhône, le 10 avril 1892 et est de retour à Jouhet, le 27 novembre 1893 ; On le retrouve à Saint-Lager, le 18 février 1894 et à Jouhet, le 10 décembre 1894 ; Il est à Vénissieux, le 23 mai 1895 et à Jouhet, le 2 décembre 1895 ; Le voilà à Lyon, le 26 avril 1896 et de retour à Jouhet, le 28 décembre 1896 ; Enfin il est à Lyon en 1897 et 1899 et à Jouhet le 1er décembre 1901.
Malheureusement, toutes les fiches matricules ne sont pas si bien renseignées.
L’étude, des fiches et des publications de mariage (En ligne sur le site des Archives Départementales), permet de trouver un certain nombre de nos ancêtres, qui certainement fatigués par ces nombreux allers-retours, fondaient une famille sur place.
Voici deux familles parmi tant d’autres :
Amable POUMEROL, journalier à Lamothe à la naissance de ses deux premiers enfants en 1835 et 1836 est absent pour les trois suivants, nés en octobre et en septembre. Il est présent pour la dernière, née le 4 décembre 1846. Il est déclaré ouvrier-maçon sur son acte de décès, du 11 mai 1847, à l’Hôtel-Dieu de Beaujeu (Rhône). Avait-il gardé des relations sur place ? Certainement, puisque nous y retrouvons ses trois garçons, tous mariés à Beaujeu.
Tout d’abord l’ainé, Gervais, né le 7 novembre 1836 à Saint-Priest, marié le 24 juin 1871 à Beaujeu, avec Françoise CRÉTIN. Ils auront deux enfants. Ensuite, Gilbert, alias Philibert, né le 25 septembre 1841, il épouse, le 5 mars 1867 à Beaujeu, Jeanne LAGARDETTE. De leur union sont nés 6 enfants. Il décède comme son père à l’hôpital de Beaujeu, le 26 novembre 1918. Enfin, Jean, né le 6 septembre 1844 à Saint-Priest-des-Champs. Il se marie à Beaujeu, le 27 octobre 1875, avec Claudine BOUCHACOUR. Il semble être décédé, sans postérité, le 15 avril 1899 à l’hôpital de Beaujeu.
Sur les cinq enfants du couple Amable BOURDUGE et Marie CHOMETTE, cultivateurs à Perol, un seul est resté à Saint-Priest. Joseph, né en 1865, il est décédé célibataire en 1891. Les quatre autres sont partis dans le département du Rhône.
On retrouve François, l’ainé, né le 24 novembre 1856, maçon à Vénissieux. Il est décédé à l’Hôtel-Dieu de Lyon 2e arrondissement, le 20 juillet 1884 ; il est dit l’époux d’Henriette JARZAGUET. Sa sœur, Marie, née le 11 mai 1860, est décédée le 2 octobre 1909 à Sainte-Foy-lès-Lyon. Elle avait épousé sur cette dernière commune, le 13 février 1886, un autre enfant du pays, Michel Antoine CAILLOT, maitre-maçon à Sainte-Foy, né le 16 avril 1860 à Saint-Priest-des-Champs, fils de Gilbert CAILLOT et d’Anne CAILLOT, colon à la Geneste.
Jean, est venu comme maçon à Sainte-Foy, puis on le trouve marchand, marchand coquetier et jardinier en 1921. Né le 13 août 1863 à Perol, il se marie, le 9 juillet 1892, à Sainte-Foy, avec Rose Marie ROSSET. De ce mariage sont nés trois enfants. Il décède sur sa commune d’adoption, le 21 décembre 1933.
Le parcours de François est un peu différent. Né le 14 septembre 1868, à Saint-Priest-des-Champs, on le trouve, comme son frère, maçon à Sainte-Foy, le 19 avril 1891. Lui, il rentre au pays et se marie à Saint-Priest, le 3 novembre 1891, avec Marie BARSE, fille d’Annet et de Marie CHAFFRAIX, cultivateurs aux Barsses. Ce n’est qu’après la naissance de leur premier enfant, Marie Hélène, né le 21 mars 1893 à Saint-Priest, que François emmène son épouse à Sainte-Foy. Ils y décèdent tous les deux, François en 1921 et Marie en 1930.
Voici l’exemple de deux familles parties sous d’autres cieux. Nous verrons, dans un prochain article, que beaucoup de jeunes gens sont partis faire leur vie ailleurs. Nous trouvons des Poumerol, des Perol, des Arbitre, des Chanut, des Jouhet, etc…